Sur les pavés, la mémoire
Les stolpersteinen (pavés) de Lunéville donnent une sépulture aux familles Hubermann et Lang assassinées à Auschwitz
Le 19 avril 2024, la ville de Lunéville en Meurthe et Moselle a été le théâtre d'un petit prodige. Des pavés de mémoire ont été posés au 18 rue des Bosquets et au 19 rue du
Château. C'est l'adresse des anciens domiciles des familles “Hubermann” et “Lang” assassinés par les Allemands à Auschwitz. La cérémonie a eu lieu en présence de leurs
descendants dont je faisais partie.
La cérémonie a eu lieu en présence de Madame Catherine Paillard, Maire de Lunéville, M.Thibault Bazin, Député de Meurthe et Moselle, de M. le Proviseur du Lycée Ernest Bichat,
des enseignantes Mmes Barbier (professeur d’Histoire-Géographie) et madame BABENKO (professeur documentaliste), des élèves du Lycée, la Communauté juive de Lunéville et son Président M. Jérôme Ledermann.
Cinq pavés ont été posés pour la famille Hubermann : trois pour les parents Yaacov et Rivka, et le petit Elie 3 ans assassinés respectivement le 9 janvier 1943, le 19 juillet 1942 et
le 11 novembre 1942, mais aussi deux pour leurs deux filles survivantes, Dora et Jeannette qui, après avoir assisté à l'arrestation de leurs parents ont pu être exfiltrées en zone libre.
Trois pavés furent installés pour la famille Lang : Paul, Fanny et Marianne assassinés le 18 avril 1944.
D'autres cérémonies pour d'autres victimes de la barbarie nazie sont prévues dans la Ville.
Ces familles ont retrouvé une sépulture. En hébreu un cimetière se dit “Beit ‘Haïm” qui signifie “la maison des vivants”. Ces familles sont revenues dans le monde des vivants dont on aurait pu croire qu'elles avaient été définitivement éradiquées. Les barbares ont une nouvelle fois perdu grâce à ce projet mis en œuvre dès 2018 au sein du Lycée Ernest Bichat de Lunéville.
Tout a commencé avec un voyage à Auschwitz en 2018. Ensuite, les élèves de première 4 du lycée Bichat de Lunéville ont finalisé leur travail de recherche sur les 32 enfants juifs de Lunéville déportés à Auschwitz entre 1942 et 1944 parmi les 57 familles assassinées. Le partenariat avec les instances telles que le Concours sur la Résistance et la Déportation, la grande région, l'académie Nancy-Metz, le Mémorial de la Shoah de Paris, la Mairie de Lunéville et son service des archives, la Communauté juive locale a été essentiel. Tous ont contribué à aider efficacement les élèves dans leurs recherches qui ont duré 7 mois.
Depuis, chaque année une nouvelle classe prend le relais pour poursuivre les recherches et les concrétiser par les “stolpersteine” ou pavés de la mémoire initiés par l'artiste berlinois Gunter Gemnig au début des années 90.
Un exemple de partenariat à suivre en ces temps où la montée de l'antisémitisme suscite toutes les craintes. C'est possible.
Gérard Feldman